Les différences entre FMA et FMAB
Full Metal Alchemist est une œuvre réalisée par la mangaka Iromu Arakawa. L’histoire originale est composée de 27 tomes, mais ce qui nous intéresse ici sont les 2 adaptations en animes : Full Metal Alchemist (que nous appellerons FMA), datant de 2003 et composé de 51 épisodes et Full Metal Alchemist Brotherhood (que nous appellerons FMAB) datant de 2009 et composé de 64 épisodes.
Dans ce premier article, je vais simplement rappeler quelques éléments clefs pour comparer les animes avec des faits concrets. Celui-ci servira alors de support pour un second article d’analyse qui sera plus subjectif.
Pourquoi deux animes complètement différents ?
Le premier anime FMA de 2003 démarre sa production alors que le manga papier n’est pas encore achevé. Les petits épisodes « hors-séries » ne suffisant pas pour temporiser, les réalisateurs ont décidé faire une suite à leur sauce. FMAB, quant à lui, est simplement l’adaptation la plus fidèle possible au manga d’origine.
C’est ce qui explique pourquoi les événements scénaristiques du début (Prêtre de Lior, enlèvement de Alphonse par Greed, mort de Hughes, etc) sont similaires aux deux animes. En dehors de ces quelques similitudes, les scénarios de l’un et de l’autre partent ensuite dans des directions complètement opposées.
Des directions complètement opposées, c’est-à-dire ?
FMAB s’ouvre à de grands horizons, avec une très large panoplie de personnages provenant aussi bien des montagnes de Briggs que de l’empire Xing. Beaucoup d’acteurs sont mis en jeu, et chacun aura son importance à un moment donné. Il y a donc pas mal de personnages qui n’apparaissent pas du tout dans FMA, comme Lin Yao, Mai, ou encore la sœur du commandant Alex Louis Armstrong, Olivia Armstrong. A l’instar d’un Shonen, il y a beaucoup de combats et il faut bien avouer que l’on n’a pas le temps de s’ennuyer au fil des épisodes. En termes de dénouement scénaristique, lors des derniers épisodes, le surnaturel prend une telle ampleur que l’humanité tout entière s’en trouve menacée. On constate cela lorsque l’homonculus Père devient quasiment omnipotent en allant jusqu’à absorber « Dieu ».
En ce qui concerne FMA, le contexte géopolitique n’est que brièvement abordé, et l’histoire restera centrée sur une poignée de personnages. Il y a donc moins de combats que dans FMAB, mais son point fort réside dans son concept des 2 mondes parallèles (le premier avec de l’alchimie, et le second plus réaliste, sans alchimie et dans un contexte d’entre guerre avec la montée des Nazis au pouvoir) qui font davantage penser au registre de la science-fiction. Contrairement à FMAB, l’ensemble des actions des antagonistes n’aura pas d’influence sur l’humanité toute entière, car on est dans le domaine plus restreint du conflit d’intérêt. En effet, l’ambition de Dante se limite à la vie éternelle, en transférant son âme de corps en corps grâce à la pierre philosophale, mais sans autre délire mégalomaniaque. Alors certes, des milliers de sacrifices humains sont systématiquement réalisés pour créer la pierre philosophale, mais toute ces orchestrations sont à chaque fois occultées de la même manière qu’une guerre lambda. Contrairement à Père qui devient quasiment omnipotent dans FMAB, les actions de Dante ne peuvent pas avoir d’impact sur le monde entier.
Quelques comparaisons de personnages ou concepts emblématiques
- Dante FMA et Père FMAB
Il est intéressant de comparer les 2 antagonistes de chacun des animes. Dans le premier, Dante est une alchimiste de plus de 400 ans qui a passé sa vie à transférer son âme de corps en corps grâce à la pierre philosophale, dans le but de se conférer une certaine immortalité. Mais cela reste illusoire, puisque ses corps successifs pourrissent de plus en plus vite car son âme se détériore au cours du temps.
Dans le second anime, l’antagoniste principal est « le petit être de la fiole », Père des homunculus. Il est issu de diverses expériences humaines menées plusieurs siècles en arrière dans le pays de Xerxès. Il n’a rien d’humain, et tout ce qu’il souhaite c’est d’assouvir son besoin excessif de liberté, qu’il associera au fait de devenir tout puissant. Il est lui-même une très puissante pierre philosphale, qu’il a constamment remplis d’âmes au fil de son existence.
- Homunculus FMA et homunculus FMAB
Dans les 2 animes, l’homunculus est un être artificiel aux capacités diverses, et aux origines différentes. Dans FMAB, les homunculus sont issus directement du Père, 1er homunculus originel. Celui-ci se sépare d’âmes contenus dans son propre corps, pour créer 7 « enfants » qui représenteront les 7 péchés capitaux : Greed (avarice), Wrath (colère), Lust (luxure), Envy (envie), Gluttony (gourmandise), Pride (orgueil) et Sloth (paresse). Ils sont donc une petite partie de la pierre philosophale initiale, et peuvent se régénérer en puisant dans les vies humaines qui sont en eux. Pour les tuer, il faut épuiser cette capacité de régénération.
Dans FMA, les homunculus sont des êtres crées suite à une transmutation humaine ratée. Ils sont difformes, inhumains et destinés à mourir, mais si on les nourrit de pierres rouges, ils survivent et prennent peu à peu une forme humaine. C’est ce que fait Dante, en les recueillant sous son aile et en faisant d’eux ses serviteurs. Certains d’entre eux sont tourmentés par des souvenirs de la vie menée par l’humain transmuté dont ils sont issus. Tout comme dans FMAB, ils peuvent mourir lorsqu’ils n’ont plus de pierres rouges en eux. Pour cela, il est possible de les scellés grâce à un cercle de transmutation spécifique et en utilisant les restes du corps utilisé pour les créer. Lorsque ces conditions sont réunies, ils vomissent leurs pierres rouges, puis meurt lorsqu’ils en sont vidés.
- Greed FMA et Greed FMAB
Greed est un personnage important dans les deux animes. Aussi bien dans l’un que dans l’autre, il se montrera rebelle face à l’autorité de son maître. Dans FMA, bien que le manque d’informations à son égard lui donne une certaine aura un peu mystérieuse, on regrette qu’il n’ait pas été plus développé. Avant sa mort, en bon joueur, il apprend à Ed le point faible des homonculus.
Dans FMAB, il meurt très tôt, tué par Père. Mais il se réincarnera dans le corps de Lin Yao, développant au fur et à mesure une sympathie à son égard. Il se fait finalement tué (encore une fois) par Père à la toute fin, mais aura joué un rôle important en absorbant ses pierres philosophales et le rendant sensibles aux coups d’Edward. Avant sa mort, il avouera que sa cupidité lui avait donné envie d’avoir de vrais amis.
- Kimblee FMA et Kimblee FMAB
Kimblee, l’alchimiste écarlate, est un ancien alchimiste d’état qui a été emprisonné suite à ses folies meurtrières lors de la guerre d’Ishbal, s’en prenant aussi bien à ses alliés qu’à ses ennemis.
Dans FMA, c’est un psychopathe peu intéressant, mais qui aura tout de même son rôle à jouer dans la transformation de Al en pierre philosophale.
Pourtant, dans FMAB, son côté psychopathe est légèrement atténué par sa classe et son intelligence pour traquer ses ennemis. Il se fait finalement absorber par Pride, mais refait plus tard surface dans son esprit, pour le troubler et laisser l’opportunité à Ed de lui porter le coup de grâce.
Une happy end d’un côté, et une fin plus complexe de l’autre
A la fin de FMAB, on constate qu’il y a beaucoup de morts de part et d’autre. Mais malgré la triste mort de Greed et le décès de Hohenheim, l’anime se tourne complètement vers des sentiments très positifs : Mustang retrouve la vue grâce à Marco, Al a retrouvé son corps et part de son côté pour explorer le monde, Ed ne peut plus faire d’alchimie mais part lui aussi en voyage, et se retrouve même à faire deux enfants avec Winry (que l’on aperçoit lors du générique de fin). On comprend donc que FMAB a préféré se finir en happy end, où on en viendrait presque à oublier la petite Nina et Maes Hughes !
Dans FMA, la fin laisse un sentiment bien plus mitigé (bien que le film Conqueror of Shamballa assure une véritable fin plutôt réussie, nous en resterons ici uniquement à l’anime lui-même). En premier lieu, on constate que malgré la mort de Dante, plusieurs menaces potentielles existent encore : notamment Gluttony et Wrath qui sont encore en liberté. Ensuite, Ed et Al se retrouvent séparés, dans deux mondes différents. Et malgré le fait que Al ait retrouvé son corps, il est très frustrant d’apprendre qu’il ait perdu la mémoire de toute cette longue aventure, sans même se souvenir de son frère. Du côté de Ed, on le sent complètement impuissant, dans un monde sans alchimie et où il pense que la science et la physique rationnelles pourraient lui rouvrir la porte de son monde d’origine. Aussi, les images de fins révèlent également Tucker toujours en train de délirer avec une Nina encore à moitié chimère dans ses bras, ainsi que Wrath, errant dans la misère. On constate finalement que le bilan de FMA est donc particulièrement triste.
Quel est le meilleur anime Full Metal ?
C’est une question sur laquelle nous avons tous déjà débattu avec nos potes pendant les pauses à l’école, et bien évidemment, personne n’était d’accord…
Dans cet article, je vais vous proposer un ensemble d’arguments et d’éléments permettant de prendre du recul sur les 2 animes.
Ainsi, cela vous donnera des idées et un exemple d’argumentation construite pour répondre aux kikoos qui ne cessent de vouloir imposer leur avis unilatéralement, uniquement en stigmatisant l’un ou l’autre des animes.
Archétypes des débattant
J’ai pu déduire de ces discussions souvent stériles sur la question, qu’il y avait majoritairement 3 types de personnes :
- Type 1 : Les nostalgiques du premier anime FMA, qui le défendent avec ferveur mais qui apprécient tout de même FMAB. Ils peuvent préférer l’un ou l’autre, mais ont globalement aimé les deux.
- Type 2 : Ceux qui ont vraiment adoré FMAB, et qui dénigrent FMA généralement à cause de son manque d’action.
- Type 3 : Les personnes qui ne jurent que par FMAB, car c’est l’histoire originale et que le premier anime n’est qu’une « contrefaçon ».
Vous allez me dire qu’il manque celui qui dit : « FMAB c’est trop nul, vive FMA ! » et je l’ai volontairement mis de côté, car je pense que celui qui dit ca est soit de mauvaise foi, soit n’a pas vu FMAB dans son intégralité. Lorsque l’on aime FMA, son univers, ses personnages, on est obligé d’apprécier, même dans une moindre mesure, de retrouver tout cela dans un autre anime aussi bien réalisé que FMAB.
Je me permets alors d’émettre le postulat suivant : celui qui a aimé FMA, appréciera toujours (même un minimum) FMAB, tandis que l’inverse n’est vrai.
Finalement, le type 1 sera généralement le plus ouvert à la discussion puisqu’il aura trouvé son bonheur aussi bien dans FMA que dans FMAB. En revanche, les types 2 et 3 seront souvent bien moins mesurés dans leur propos, et il vous donnerons donc du fil à retordre.
Avis personnel et interprétation
Cette partie ne sera pas une tribune pour l’un ou l’autre des animes, mais simplement un ensemble d’éléments qui vous permettront peut-être d’aller plus loin dans vos réflexions personnelles.
D’ailleurs, je trouve qu’il est effectivement légitime de vouloir systématiquement comparer les 2 animes, puisqu’ils proviennent de la même licence. En revanche, je pense que la plupart des débats à ce propos sont stériles car ils sont mal orientés.
Je m’explique : nous avons d’un côté FMAB, très orienté action, avec beaucoup de personnages, un univers vaste et des combats longs et intenses. Il y a bien sûr quelques scènes d’émotion, mais l’anime est principalement axé sur le combat. Au début, on part avec deux personnages, Ed et Al, seuls contrent tous et parfois impliqués dans des situations d’impuissance totale (ex : première défaite contre Scar). Au fil du temps, à force d’enchaîner les affrontements de part et d’autre dans une cohue généralisée, on a parfois tendance à oublier un peu le réalisme de départ de deux frères qui partent seuls à l’aventure après avoir perdu leur mère. Par ailleurs, les 2 protagonistes vont se construire, au fur et à mesure, un solide bloque d’alliés. Dans l’ensemble, et notamment en ce qui concerne cette montée en puissance permanente, FMAB représente parfaitement le style shonen.
De l’autre côté, FMA présente une atmosphère plus sombre, avec des combats moins long et moins nombreux, et un enchaînement scénaristique plutôt décousu. Les protagonistes ont beau s’endurcir au cours du temps, mais cela ne les empêchera pas de se retrouver à nouveau dans des situations de désespoir. En effet, en plus du 1er combat avec Scar comme dans FMAB, on peut aussi citer la détresse d’Ed face au boucher humain, l’impotence de Al quand Scar se sacrifie pour le transformer en pierre philosophale, ou encore plus symboliquement le sentiment de désespoir des deux protagonistes durant les derniers épisodes dans l’antre de Dante. Contrairement à FMAB, ils n’ont pas réussi à se faire beaucoup de véritables alliés, et sont bien souvent livrés à eux-mêmes dans la plupart des situations. On reste donc dans cette logique de deux frères seuls face à la dure réalité du monde qui les entoure, et ce jusqu’à la toute fin de l’anime. Au-delà de ça, on a également affaire à un scénario plus profond et des personnages plus complexes. La mise en parallèle des deux mondes expose parfois quelques petites incohérences ou incompréhensions, mais le tout est finalement très bien ficelé et très imaginatif. Ainsi, les « portes » qui sont au cœur de chacun des personnages ont une réelle signification avec ce passage entre les deux mondes. Dans FMAB, on reste un peu dans le flou, expliquant simplement le concept assez abstrait de porte de « vérité ». En ce qui concerne les personnages, et comme il y en a moins à approfondir, on a affaire à des comportements plus subtils et à des esprits plus torturés. Pour n’en citer qu’un, Lust paraît à priori être complètement dénué de toute vertu. Cependant, un épisode entier traite de sa vie humaine, antérieure à sa vie d’homunculus. Au fil du temps, on comprend que tous ses tourments lui donnent simplement l’envie de redevenir humaine, pour pouvoir retrouver les sentiments qu’elle n’arrive pas à éprouver sous cette forme « maudite ». Avant sa mort, elle en vient même à s’allier à Ed pour vaincre Sloth.
Ajoutons à tout cela la légendaire OST Brothers (qui n’est malheureusement pas présente dans FMAB), et on obtient un anime qui est résolument orienté vers un côté sombre et inspirant la mélancolie.
On peut finalement dire que FMA est un mix entre quelques éléments clefs du shonen avec une trame de type seinen aux allures dramatiques.
Et donc ?
Pour en revenir enfin à la question initiale « quel est le meilleur anime Full Metal ? », le problème n’est pas de démontrer que l’un et meilleur que l’autre, mais plus généralement de mettre en évidence sa préférence entre un shonen pur et un shonen avec beaucoup de dérivé seinen, triste, sombre et au dénouement complexe. A partir de ce principe, on ne peut pas imposer son point de vu à autrui, puisqu’il s’agit tout simplement de deux genres différents, où l’on peut certes comparer, mais pas généraliser.
Face à ce débat, il faut donc prendre du recul en émettant son avis personnel, sans vouloir écraser systématiquement les points de vue de l’autre, car il n’y aura jamais de réponse unique et il sera souvent difficile, voire impossible, de se mettre d’accord.